Toujours détenteur du record de buts en une seule édition avec ses 13 réalisations lors du Mondial 1958, Just Fontaine figure bien évidemment parmi les figures les plus marquantes de l'histoire du Mondial.
C'est la même chanson
Tous les quatre ans, le même refrain revient à l’aube du mois de juin. Au son du dernier tube de Shakira créé pour l’occasion, les débats se multiplient sur les plateaux TV et dans les bars : qui sera le nouveau champion du monde, quel joueur va se révéler, quelle équipe va passer à la trappe, qui sera la surprise de ce Mondial ? On revient aussi sur l'histoire de la compétition avec le premier but de Lucien Laurent, les arabesque de Leônidas ou les malheurs du gardien brésilien Moacir Barbosa face à Alcides Ghiggia en 1950. Et, lorsque tous commencent à être à court de sujets de conversations, on se pose une nouvelle fois la question sans trop y croire : l’incroyable record de Just Fontaine sera-t-il battu ? Mais un mois plus tard, le constat est toujours le même : depuis plus de soixante ans, seuls les dix buts du regretté Gerd Müller ont pu faire légèrement trembler le grand Just du haut de son piédestal.
Cette année-là
Voyageons dans le temps et revenons à l’aube de l’été 1958. Alors que le mondial suédois se profile, l’horizon n’est pas tout rose pour l’Équipe de France et Just Fontaine. Après plusieurs résultats décevants, la presse française est en effet très critique avec les Bleus et n’imagine pas une seule seconde que ceux-ci puissent faire un bon parcours en Suède. Quant à Just Fontaine, s’il figure parmi les sélectionnés pour cette Coupe du Monde grâce à sa saison hors-norme (34 buts en 26 matchs de D1 avec Reims), il semble promis à un rôle de simple remplaçant du trio d’attaque des Bleus composé des rémois, Roger Piantoni et René Bliard et de la star du Real Madrid, Raymond Kopa.
Pourtant, un coup de pouce du destin va faire basculer la vie de Justo. Quelques semaines avant la Coupe du Monde, René Bliard est contraint de déclarer forfait sur blessure ce qui propulse Fontaine à une place de titulaire sur le front de l’attaque. Et le bougre ne va pas laisser passer sa chance. Dès le premier match de poules face au Paraguay, le buteur rémois confirme sa forme étincelante et inscrit un triplé (7-3). Puis, il enchaîne à un rythme effréné : doublé lors du deuxième match malgré une défaite face à la Yougoslavie (2-3), un nouveau but face à l’Écosse (4-0), puis un nouveau doublé en quart de finale face à l’Irlande du Nord (4-0). Arrive alors la demi-finale face à un Brésil qui compte dans ses rangs un môme de 17 ans en train de mettre le monde à ses pieds : un certain Edson Arantes do Nascimiento mieux connu sous le nom de Pelé.
Le buteur malheureux
La demi-finale sera source de regrets éternels pour Justo. Si Pelé inscrit un triplé et tutoie déjà les sommets, les Bleus sont lourdement handicapés par la blessure de Robert Jonquet survenue dès la 11ème alors que le score est déjà de 1-1 (avec un but de qui vous savez côté français !). Les remplacements étant interdits à cette époque, Robert Jonquet tente de rester tant bien que mal sur le terrain. Mais malgré tout le courage du capitaine des Bleus, on ne peut jouer au football avec une fracture du péroné et, dans les faits, les français jouent à 10. En infériorité numérique, Kopa et les siens ne peuvent rien face à la vitesse et la classe de Pelé, Vava et Garrincha et doivent s’incliner 5-2. Dépité par ce coup du sort, Just Fontaine passera ses nerfs sur la RFA lors du match pour la troisième place. Résultat, une victoire 6-3 des français et un quadruplé pour le meilleur buteur de la compétition.
Seulement âgé de 25 ans lors du mondial Suédois, Just Fontaine aurait probablement pu améliorer son record en cas de qualification de la France pour la Coupe du Monde 1962. Mais, le 20 mars 1960 lors d’un match de championnat face à Sochaux, la carrière du buteur des Bleus se brise en même temps que sa jambe sous les crampons de l’ivoirien Sékou Touré. Après plusieurs mois de travail pour revenir, Fontaine voit ses derniers rêves s’envoler lorsque sa jambe craque à nouveau au cours d’un match face à Limoges en 1961. A contrecœur, il prend finalement sa retraite en 1962 à l’âge de 29 ans, au moment où il aurait pu briller une nouvelle fois aux yeux du monde entier.
Le joueur extraordinaire
Malgré seulement sept saisons au plus haut niveau (1953 à 1960), Just Fontaine est sans conteste un des meilleurs attaquants de l’histoire. En plus d’un nombre de buts complètement fou (256 en 284 matchs en carrière), le buteur mythique du Stade de Reims peut se prévaloir d’être doté d’un palmarès bien fourni : 4 championnats de France, 2 Coupe de France, 1 finale de C1, des titres de meilleur buteur dans toutes ces compétitions, une troisième place au Ballon d’Or 1958, etc. Pourtant, c’est bien avec l’Équipe de France que son bilan est le plus impressionnant. Avec 30 buts en 21 sélections il dispose du meilleur ratio matchs disputés/buts marqués de l’histoire des Bleus. Quant à son record en Coupe du Monde, il est difficile de croire qu’il puisse être battu un jour. A titre de comparaison, là où il n’a fallu que 6 rencontres pour inscrire ses 13 buts à Justo, il en aura fallu 24 à Miroslav Klose pour devenir le meilleur buteur de l’histoire du Mondial avec 16 réalisations…
Comments