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Les 50 qui ont marqué la Coupe du Monde : Geoff Hurst

Alors qu'il n'était même pas censé jouer lors du Mondial 1966, Geoff Hurst est entré dans l'histoire en devenant le premier (et le seul jusqu'ici) joueur de l'histoire à inscrire un triplé en finale de Coupe du Monde. Retour sur l'histoire d'un remplaçant devenu icône nationale.


Geoff Hurst s'apprête à inscrire le "but-fantôme" le plus célèbre de l'histoire. Hulton Archives.


Les malheurs de Jimmy Greaves


En ce matin du 20 juillet 1966, Jimmy Greaves se lève d’une humeur décidée. L’attaquant de Tottenham, 3ème au Ballon d’Or 1963 et auteur de 137 buts sur les cinq dernières saisons de D1 Anglaise, est bien décidé à enfin ouvrir son compteur but dans cette Coupe du Monde qu’il attend depuis si longtemps. Après deux premiers matchs face à l’Uruguay (0-0) et le Mexique (2-0) au cours desquels il est resté muet, Greaves est prêt à en découdre. Alors, c’est décidé, l’Equipe de France, bien pâle depuis le début du tournoi (un nul 1-1 contre le Mexique et une défaite 2-1 face à l’Uruguay) sera sa victime. Le match débute, les Français sont bien aussi pâles qu’attendus et Greaves attend son heure quand soudain, un choc avec le milieu offensif tricolore Joseph Bonnel le laisse au sol. « Greavsie », sur les épaules de qui reposait l’animation offensive des Three Lions concoctée par Alf Ramsey, est blessé. Pour ce match face à la France, rien de bien grave, il tient sa place tant bien que mal (les remplacements étant alors interdits) et participe comme il peut à la tranquille victoire britannique (2-0). En revanche, pour les 1/4 de finale face à l’Argentine, Ramsey ne peut se permettre d’aligner un joueur diminué. Greaves doit laisser sa place. Il ne la regagnera jamais et regardera du banc ses coéquipiers devenir champions du monde, conscient d’être passé à côté du plus grand moment de sa carrière : Profondément meurtri, il déclarera bien des années plus tard : "Je me suis senti vide. J'aurais dû être fou de bonheur, et j'étais rempli de tristesse."

Le triomphe de l’Angleterre en 1966 ne portera jamais la marque de Jimmy Greaves. Il restera pour toujours associé à l’image d’un simple remplaçant devenu buteur providentiel : Geoff Hurst.


Angleterre – Argentine : naissance d’une rivalité


Pour son baptême du feu, Geoff Hurst est aligné à la pointe de l’attaque à l’occasion de l’un des matchs les plus controversés de l’histoire du Mondial. Ayant terminé premiers du groupe A, les Britanniques affrontent les Argentins, deuxièmes du groupe B derrière l’Allemagne de l’Ouest (à la différence de but) pour les 1/4 de finale. Ce match s’annonce des plus disputés tant l’Albiceleste a fait forte impression lors de la phase de poules. Avec deux victoires face à l’Espagne et la Suisse (2-1 et 2-0), et un match nul contre la RFA (0-0), les Argentins font figure de sérieux outsiders pour la victoire finale. Le 23 juillet 1966, c’est donc un Wembley incandescent qui accueille les deux équipes pour une rencontre qui constitue le premier grand choc de ce tournoi. Une fois le coup d’envoi donné, le match devient rapidement dur entre deux équipes plus que solides sur le plan physique. Cependant, des premières tensions commencent à apparaître lorsqu’il devient évident que l’arbitre allemand de la rencontre Rudolf Kreitlein ne siffle que les fautes en faveur des Anglais. Capitaine de l’Argentine, le défenseur de Boca Juniors Antonio Rattin demande des explications à l’arbitre … et est exclu ! M. Kreitlein accusera Rattin de l’avoir insulté sauf que, problème, l’Argentin ne parle qu’espagnol, une langue que l’arbitre ne comprend pas. En réalité, Rattin a simplement demandé à l’arbitre s’il était possible d’avoir un interprète afin que l’homme en noir puisse expliquer ses décisions controversées. Furieux de cette expulsion injuste, Rattin refuse de sortir du terrain et il faudra attendre huit minutes et l’intervention de la police pour que celui-ci accepte de finalement quitter la pelouse. C’est d’ailleurs suite à cette histoire que le responsable de la désignation des arbitres, M. Ken Aston, inventera les cartons afin de contourner la barrière de la langue entre arbitres et joueurs.

A 10 contre 11 alors qu’il reste plus d’une heure à jouer, les Argentins vont être héroïques mais, à 12 minutes du terme, Geoff Hurst surgit pour reprendre un centre venu de la gauche d’une superbe tête décroisée. Le score ne bougera plus, Geoff Hurst vient de qualifier son pays et de gagner sa place de titulaire. Bien que remis de sa blessure, Jimmy Greaves ne rejouera plus.

A l’issue de la rencontre, Alf Ramsay, l’entraîneur de l’Angleterre, qualifiera les Argentins « d’animaux » et refusera que ses joueurs échangent leurs maillots avec leurs adversaires. Une rivalité était née…


Le but fantôme de Geoff Hurst


Après une demi-finale bien négociée face au Portugal d’Eusébio, les Anglais retrouvent l’Allemagne pour la première finale de leur histoire. A peine plus de 20 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce match a une forte connotation politique. Le matin de la rencontre, le Daily Mail écrit par exemple : « Si l’Allemagne nous bat cet après-midi à notre jeu national, nous pouvons toujours lui signaler que nous l’avons récemment battue deux fois à son propre jeu ».

A Wembley, devant leur public, les Britanniques sont favoris mais l’Allemagne, qui a sorti l’URSS de Lev Yachine en demi-finale, est un adversaire à ne pas négliger. D’ailleurs, ce sont bien les coéquipiers du Kaizer Franz Beckenbauer qui frappent les premiers par l’intermédiaire de leur milieu de terrain Helmut Haller. Sonnés mais pas abattus, les Anglais repartent immédiatement à l’attaque et égalisent 10 minutes plus tard grâce à un but de la tête, son point fort, de Geoff Hurst. La suite de la partie est assez fermée, aucun adversaire ne prenant le dessus sur l’autre jusqu’à la 78ème minute, moment choisi par Martin Peters pour reprendre une frappe contrée de Hurst et la catapulter au fond des filets. La foule exulte, l’Angleterre est plus que jamais proche de son sacre. Mais à la dernière seconde, sur un ultime cafouillage, le stoppeur allemand Wolfgang Weber, monté aux avant-postes, reprend un ballon qui traînait dans la surface anglaise pour arracher la prolongation. Pour les coéquipiers de Bobby Charlton, tout est à refaire.

Déjà bien entamés physiquement, les deux équipes se lancent dans une prolongation plus indécise que jamais. L’Angleterre semble légèrement au-dessus mais l’Allemagne tient bon, jusqu’à cette fameuse 101ème minute demeurée dans l’histoire. Sur un centre venu de la droite, Geoff Hurst contrôle et décoche une frappe en pivot du droit, la balle heurte la barre et …. mystère. A-t-elle franchi la ligne ou non ? Pour l’arbitre assistant de la rencontre oui et celui-ci n’hésite pas à le signaler à son collègue du centre qui accorde le but malgré les protestations des Allemands. Cette fois, les hommes d’Alf Ramsay ne seront plus rejoints et Hurst, dorénavant auteur du « but-fantôme » le plus célèbre de tous les temps, devient même le premier (et seul jusqu’à aujourd’hui) joueur à inscrire un triplé en finale de Coupe du Monde en s’offrant une ultime réalisation à la dernière minute. A 25 ans, le buteur de West Ham vient de voir sa vie basculer. Il sera désormais, pour l’éternité, l’homme qui aura offert au pays du football sa première Coupe du Monde.


« Ils sont fous ces anglais »


La controverse autour de la validité du second but de Hurst entraînera des centaines de débats qui se poursuivent encore aujourd’hui. En 2016, une étude de la chaîne britannique Sky Sports concluait sur le fait que le ballon avait bel et bien franchi entièrement la ligne. Réponse du Kaizer Franz Beckenbauer ? « Ils sont fous ces anglais ! ». Dans son autobiographie, Geoff Hurst ,lui, avouera n’avoir jamais su si son but était bien valable : « Etait-ce un but ? La balle avait-elle franchi la ligne ? Deux de ces questions m’ont hanté pendant une grande partie de ma vie d’adulte. Ce sont les questions que l’on m’a posées le plus souvent – et je n’en connais pas les réponses. Je pense ne jamais les connaître ».

Au lendemain du triomphe, le buteur de West Ham tentera de reprendre sa vie le plus simplement possible, en tondant le gazon de son jardin londonien de Gants Hill. Cependant, il s’apercevra très vite que pour lui, il y aura un avant et un après 30 juillet 1966. Anobli par la reine alors que Jimmy Greaves sombre dans l’alcoolisme, Hurst deviendra une icône dans son pays. Encore aujourd'hui, son aura est intacte en Angleterre, d’autant plus que beaucoup de ses coéquipiers de 1966 sont récemment décédés ou sont gravement malades. Hurst, lui, continue d’être très présent dans les médias britanniques pour donner ses analyses sur un sport qui a fait de lui un héros national.

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