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Les moments marquants de l’Euro : la volée légendaire de Marco Van Basten (n°4)

Dernière mise à jour : 27 juil. 2021

En 1988, l’attaquant néerlandais Marco Van Basten inscrivait un des plus beaux buts de l’histoire en finale de l’Euro face à l’URSS. Retour sur un geste resté dans les mémoires.



Des larmes de Munich…


Dans le vacarme de l’Olympiastadion de Munich, un homme erre au milieu de la pelouse, les yeux dans le vide. Son brassard de capitaine encore attaché autour du bras gauche, il voit défiler devant lui des Allemands en transe, courant dans tous les sens. Les photographes se pressent autour d’eux, mitraillant les nouveaux champions du monde avec leurs appareils. Dans cette atmosphère de liesse, ils n’ont que peu de temps à accorder aux vaincus, même quand l’un d’entre eux se nomme Johan Cruyff. Pourtant, derrière leur poste de télévision, ce sont bien des millions de fans de football qui n’ont d’yeux que pour cette bande d’artistes hollandais qui les a fait rêver un mois durant. En proposant un jeu jamais vu jusqu’ici, Cruyff et les siens ont à la fois conquis le cœur des gens et révolutionné le football à jamais. Bien maigre consolation au moment de voir le Kaiser Franz Beckenbauer soulever la deuxième Coupe du Monde de l’histoire de son pays. Aux Pays-Bas et même au-delà, l’Allemagne devient ce jour-là la grande ennemie, celle qui a mis fin au rêve. Désormais, les rêves néerlandais sont des rêves de vengeance : le jour viendra où l’Allemagne tombera enfin et où les Pays-Bas triompheront. Mais en attendant, il faudra être patient.


… à la joie d’Hambourg.


Quatorze ans après la défaite de Munich, la génération de Cruyff a laissé sa place à une nouvelle génération dorée symbolisée par un homme : Marco Van Basten. Considéré comme l’héritier du « Hollandais Volant », il avait eu même l’honneur d’entrer en jeu à la place de la légende pour sa première apparition chez les pros à l’Ajax en 1982. Après avoir eu la chance d’évoluer aux côtés du maître à jouer de la Dream Team de 1974, Van Basten avait connu le Cruyff entraîneur entre 1985 et 1987, date du départ de MVB à l’AC Milan. Sous ses ordres, le jeune espoir hollandais est devenu un des meilleurs joueurs du monde et le leader d’attaque d’une sélection hollandaise qui compte également dans ses rangs le capitaine Ruud Gullit et le futur milanais Frank Rijkaard. A l’approche de l’Euro 1988, Van Basten et les Pays-Bas font donc figure de véritables outsiders pour la victoire finale. Pour conduire cette joyeuse bande pour le tournoi qui se déroulera en Allemagne (comme en 74, tiens, tiens…), on retrouve Rinus Michels, inventeur du « football total » et dernier rescapé du Mondial 1974. En résumé, tous les ingrédients pour aller loin semblent réunis.

Pour autant, aussi séduisante qu’elle soit sur le papier, la sélection hollandaise se troue lors de son entrée dans la compétition. Défaits 1-0 par l’URSS, ils se reprennent ensuite face à l’Angleterre (3-1, triplé de Van Basten) et contre l’Irlande (victoire 1-0). Pour les demi-finales, c’est l’ennemi de tout un peuple qui se dresse une fois encore sur la route de Michels et ses hommes : l’Allemagne, entraînée par Franz Beckenbauer. Si les Hollandais ont enfin l’occasion de chasser les vieux démons de 1974, ils doivent faire face à une terrible pression : alors qu’ils n’ont plus battu les Allemands depuis 1956, tout un peuple attend d’eux qu’ils soient les vengeurs de leurs glorieux aînés. Toutefois, malgré ce poids sur leurs épaules, les bataves ne se démontent pas. Dans le Volksparkstadion d’Hambourg, les deux équipes se rendent coup pour coup. Si le pénalty transformé par Lothar Matthäus fait chavirer tout le stade, celui de Ronald Koeman calme les ardeurs allemandes. Finalement, au terme d’un match serré de bout en bout, les Oranje arrachent la victoire dans les derniers instants. Comme un symbole, c’est l’héritier de Cruyff Marco Van Basten qui libère tout un peuple en inscrivant le but de la victoire d’une frappe en taclant. Efficace sur ce coup, l’attaquant batave réserve l’esthétisme pour la finale.


L’envolée de Van Basten


La finale justement, est aussi une revanche pour les Pays-Bas. En effet, sur la route du titre suprême, ils retrouvent l’URSS qui les avaient battus pour leur entrée dans la compétition. Arbitrée par le français Michel Vautrot, la rencontre voit les deux équipes se lancer dans un véritable bras de fer dès le coup d’envoi. Laissant le ballon aux Soviétiques, les Hollandais procèdent en contre mais se montrent les plus dangereux. A la 32ème minute, Marco Van Basten remise de la tête pour Gullit qui ouvre le score d’une tête puissante sous la barre du capitaine russe Dasaev. 1-0 à la mi-temps.

La seconde mi-temps repart sur les mêmes bases jusqu’à la 54ème minute, moment choisi pour Marco Van Basten pour entrer définitivement dans la légende. Bien décalé côté gauche, le milieu de terrain Arnold Mühren adresse un centre en cloche à l’attaquant du Milan AC qui se situe à l’opposé. Après quelques pas d’ajustement, Van Basten reprend le ballon de volée malgré sa position excentrée et parvient à propulser le ballon dans la lucarne opposée de Dasaev, médusé. Sur le banc, Rinus Michels est enlacé de toutes parts et semble au bord des larmes. A ce moment-là, il sait peut-être déjà que les Soviétiques ne reviendront plus. Un sentiment sûrement encore renforcé par le pénalty loupé par le russe Belanov cinq minutes plus tard. A 60 ans, le mentor de Cruyff est sur le point d’accomplir son destin : il va mener les Pays-Bas vers le premier titre de leur histoire.


Un but pour l’histoire


Plus de trente ans après, le but de Marco Van Basten lors de cette finale demeure sûrement le but le plus marquant de l’histoire de l’Euro. Outre la beauté du geste et son importance pour le résultat final, cette reprise de volée symbolise la consécration méritée pour une sélection qui a fait rêver toute une génération. Au lendemain du triomphe des Oranje, on ne trouva en effet pas grand monde pour regretter la défaite d’une équipe russe pourtant très séduisante dans le jeu. Héros du match et du tournoi en général, Van Basten profita de son Euro de haute volée pour empocher le premier de ses trois Ballon d’Or. A nouveau récompensé en 1989 et 1992, il se verra contraint de mettre un terme à sa carrière en 1993 à même pas 29 ans, miné par les blessures. Considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, sa volée légendaire l’a fait entrer dans le cercle très fermé des joueurs que l’on associe directement à un geste, à un moment. Dans ce cercle, on peut par exemple retrouver Maradona et sa main de Dieu, Zidane et sa volée légendaire face au Bayer Leverkusen ou encore Panenka et son célèbre pénalty. Finalement, l’une des rares personnes à n’avoir jamais pu apprécier la beauté du geste de Van Basten n’est autre que Rinat Dassaev, gardien de but de l’URSS ce jour-là. Dans une interview donnée au journal L’Équipe en 2016, il qualifiait en effet ce but … de « coup de bol » !

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