Vous l’avez élu troisième moment le plus marquant de l’histoire de l’Euro. Retour sur le fameux but en or de David Trézéguet lors de la finale de l’Euro 2000.
Deux années sur le toit du monde
Le 12 juillet 1998, la France bascule dans l’ivresse. A la faveur d’une victoire 3-0 face au Brésil, l’équipe de France est championne du monde pour la première fois de son histoire. En l’espace d’un été, Deschamps et sa bande sont devenus les nouveaux héros de tout un pays. On les croit désormais imbattables et l’on s’imagine déjà l’Euro 2000 en poche. Des attentes hors-normes, le départ du sélectionneur Aimé Jacquet remplacé par Roger Lemerre et le retour à une vie normale après avoir touché le ciel, voilà autant d’ingrédients parfaits pour une véritable catastrophe. Dans cet étrange climat mêlant euphorie et excès de confiance, les Français réalisent des performances en dents de scie durant deux années. En juin 1999, le poste de Roger Lemerre est même menacé après un revers subi au Stade de France face à la Russie (2-3) lors des qualifications pour l’Euro. Et ce n’est sûrement pas la victoire obtenue sur la pelouse d’Andorre quatre jours plus tard qui va rassurer les Bleus. Face à une équipe valeureuse, la bande à Lemerre doit s’en remettre à un pénalty de Lebœuf à la 86ème minute pour arracher la victoire (0-1). Quatre mois plus tard, grâce à une victoire arrachée dans la douleur face à l’Islande (3-2), l’essentiel est malgré tout assuré : les Bleus disputeront bien l’Euro.
Au rendez-vous
Dix-huit. Des vingt-deux champions du monde, dix-huit sont encore présents pour ce Championnat d’Europe. Exit seulement Guivarc’h, Boghossian, Charbonnier et Diomède remplacés par Micoud, Anelka, Ramé et Wiltord. L’ossature de l’équipe n’a quant à elle que très peu changé : les tauliers Barthez, Thuram, Blanc, Desailly, Lizarazu, Deschamps, Djorkaeff, Zidane sont toujours là tandis que Vieira et Henry sont devenus des titulaires indiscutables. Souvent très bon depuis deux ans sous le maillot tricolore, Nicolas Anelka a également su se faire une place dans le onze de départ et débute cet Euro dans la peau d’un titulaire. Après un premier tour terminé à la deuxième place du groupe C, la faute à une défaite lors de l’ultime rencontre face aux Pays-Bas au cours de laquelle Lemerre avait fait largement tourner, les Bleus retrouvent l’Espagne en ¼ de finale. Grâce à un coup franc majestueux de Zidane et une frappe limpide de Djorkaeff les Français mènent 2-1 à la pause, ayant encaissé un pénalty de Mendieta. Dominateurs, ils se font tout de même une dernière frayeur lorsque la Roja obtient un second pénalty à la dernière minute. Fort heureusement, Raul envoie sa frappe dans les nuages et les Bleus chavirent, ils sont en demi-finale. Le chemin à parcourir est toutefois encore long. Pour aller jusqu'au bout, les Français devront déjà se débarrasser des Portugais du futur Ballon d'Or Luis Figo en demi-finale.
Le chef-d’œuvre de Sa Majesté Zidane
Cette demi-finale sera celle d’un homme : Zinédine Zidane. En pleine possession de ses moyens, le meneur de jeu français livre un match proche de la perfection. Toujours dans le bon tempo, Zizou et ses arabesques rendent totalement fou les défenseurs portugais. La forme olympique du numéro 10 des Bleus tombe à pic car en face, le Portugal croit dur comme fer à une victoire. Surpris d’entrée par une frappe soudaine de Nuno Gomes, les Bleus ont su revenir par Thierry Henry mais ils ne peuvent éviter la prolongation. La fameuse règle du « but en or » existant encore, la pression est énorme sur les deux équipes qui craignent de se livrer. Pourtant, à la 117ème minute Sylvain Wiltord récupère un ballon qui traîne dans la surface et adresse un centre tir vers le but. Venu suppléer son gardien Vitor Baia qui vient de sortir de ses cages, le défenseur portugais Abel Xavier stoppe le ballon de la main. L’arbitre siffle pénalty et Zizou ne tremble pas. D’une frappe parfaite en lucarne, il parachève son chef-d’œuvre en propulsant l’équipe de France vers la deuxième finale d’Euro de son histoire, seize ans après le sacre de la bande à Platini.
94 minutes de souffrance
En finale, les Français retrouvent leurs meilleurs ennemis de l’époque : les Italiens. Évoluant pour beaucoup en Série A, les Bleus connaissent par cœur leurs adversaires du jour mais la remarque est réciproque pour les joueurs de la Squadra Azzura. Se reposant sur une solidité défensive à toute épreuve, les hommes du sélectionneur Dino Zoff ont été impressionnants depuis le début du tournoi. Redoutable machine d’efficacité, ils ont su faire déjouer l’armada offensive des Pays-Bas en demi-finale (0-0, 3 t.a.b à 1) grâce à une prestation défensive hors du commun. Face à de tels adversaires, les Français connaissent le scénario à éviter : ils doivent à tout prix empêcher les transalpins d’ouvrir le score sous peine de se casser les dents ensuite sur les Maldini, Nesta et autres Cannavaro. Malheureusement, la rencontre débute mal. Dominés dans les duels, les Français n’y sont pas. Muselé, Zidane ne parvient pas à rééditer sa performance du Portugal et pendant de longues minutes, seul Thierry Henry semble pouvoir donner du fil à retordre à la défense transalpine. Si Zizou est dans le dur, ce n’est pas le cas du meneur de jeu italien, Francesco Totti. En grande forme, celui-ci est un danger constant pour l’arrière-garde française qui peine de plus en plus à le contenir. Logiquement, celle-ci finit par céder à la 55ème minute. Bien trouvé par une talonnade géniale de Totti, Gianluca Pesotto adresse une merveille de centre qui trouve Delvecchio dans les six mètres de Barthez. 1-0, le scénario tant redouté est devenu réel. Au pied du mur, Lemerre tente le tout pour le tout et fait entrer Wiltord, Trézéguet et Pirès en lieu et place de Dugarry, Djorkaeff et Lizarazu. Terminant la rencontre dans une sorte de 3-4-3 ultra-offensif, les Bleus laissent des espaces dans leur dos et à la 84ème minute, Del Piero vendange une occasion en or de tuer la rencontre. Peu importe, les Italiens restent confiants et commencent déjà à se congratuler, ce qui n’est pas sans agacer le banc français… Pourtant, alors que le ballon est dans les pieds de Barthez pour un ultime dégagement, les Italiens semblent bel et bien sur le point de devenir champions d’Europe. Mais suivons tout de même cette dernière action… Le long ballon de Barthez est dévié de la tête par Trézéguet, Cannavaro la touche mais est trop court et c’est Wiltord qui récupère à l’entrée de la surface de réparation, il s’avance et décoche dans un angle assez fermé, et c’est le buuutttt !!!! Bousculés et même dominés depuis le début de la rencontre, les Bleus arrachent la prolongation dans les derniers instants ! Sur le banc français, Roger Lemerre semble presque sonné tandis que les Italiens n’en croient pas leurs yeux ! On repart donc pour une demi-heure de plus, à moins que la règle du but en or n’en décide autrement…
« Pour l’éternité », volume 2
Galvanisés par leur égalisation, les Français entrent tambour battant dans cette prolongation. Probablement plus frais que les Italiens qui ont leur prolongation face aux Pays-Bas dans les jambes, les Bleus multiplient les situations chaudes devant le but de Toldo. Plutôt discret jusqu’ici, Zidane est de plus en plus trouvé par ses coéquipiers et tente même un ciseau acrobatique du gauche qui passe à côté des cages italiennes. Finalement, à la 103ème minute, Robert Pirès dépose un Fabio Cannavaro sur le côté gauche et adresse une merveille de centre vers David Trézéguet. Après avoir laissé un petit rebond, celui-ci reprend la balle en demi-volée et la catapulte du gauche sous la barre de Toldo. C’est le but en or, la France est championne d’Europe pour la deuxième fois de son histoire. Sur la pelouse et partout du Stade de Feyenoord de Rotterdam, les joueurs se congratulent. Pour certains comme Deschamps ou Blanc, c’est la fin de l’aventure en Bleus. Alors, tous prennent leur temps sur la pelouse et restent de longues minutes à discuter, comme pour faire durer le plus longtemps possible ces derniers instants d’une épopée magique. En France, on revit 1998, les Champs-Élysées sont envahis, on réclame Zizou pour les prochaines présidentielles et on salue dans la joie l’exploit d’une génération dorée qui a su répondre aux attentes hors-normes de tout un pays. En bref, deux ans après le 12 juillet 1998, la France vit de nouveau une de ces soirées qui restent « pour l’éternité »…
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