Retour sur les tristes événements du match OGC Nice - Olympique de Marseille d'hier soir.
Gueule de bois
Le réveil a été compliqué du côté de Foot Universal. Initialement, nous avions prévu de vous proposer un article sur le "renouveau de la Ligue 1" : jeu attrayant, retour des supporters, arbitrage qui laisse jouer, arrivée de Messi, les éléments incitant à l'optimisme étaient nombreux ! Le Nice - OM qui clôturait la 3ème journée de notre championnat aurait dû être la cerise sur la gâteau puisqu'il s'agissait de la première rencontre entre deux équipes ayant clairement affiché leurs ambitions européennes en ce début de saison. À l'arrivée, la cerise était pourrie et le gâteau en est devenu immangeable...
Une soirée cauchemar
Tout avait pourtant bien débuté : du public, un jeu plaisant, de beaux arrêts de Benitez et Mandanda et un but de Dolberg qui avait permis aux aiglons de prendre l'avantage. Oui, tout était parfait si l'on excepte les quelques bouteilles jetées par le kop niçois envers les défenseurs marseillais lors d'un corner pour les hommes de Galtier en fin de première mi-temps. Toutefois, rien de bien problématique : le speaker avait passé une annonce pour avertir que la partie serait interrompue en cas de récidives et le jeu avait repris sans encombres, jusqu'à cette fameuse 75ème minute.
C'est donc à 15 minutes de la fin que la partie a dégénéré. Alors qu'il s'apprête à frapper un corner, Dimitri Payet est touché au dos par une bouteille pleine, une nouvelle fois issue de la tribune des ultras niçois. Excédé, il se saisit de la bouteille et la relance vers le Kop rouge et noir. Ç'en est alors fini du football. Des ultras niçois envahissent la pelouse, Alvaro Gonzalez et Matteo Guendouzi veulent en découdre avec eux puis, les joueurs en viennent aux mains entre eux avant que les staffs techniques commencent eux aussi à se battre. Même dans les tribunes présidentielles l'ancien Niçois José Cobos en vient aux mains avec le président de l'OM Pablo Longoria. Ubuesque..
Des ultras à responsabiliser
Alors, quels sont les coupables de cette soirée cauchemar. En premier lieu bien sûr, les ultras niçois. Déjà avertis en première période, ils ont continué à s'exercer à ce qui semble être le nouveau sport olympique des ultras français depuis quelques temps : le lancer de bouteilles. Il y a deux semaines, c'était les ultras montpelliérains qui démontraient leurs aptitudes dans cette nouvelle activité, déjà contre l'OM. Mais ce soir là, le pire avait probablement été évité par un discours sans équivoque du directeur de la sécurité du MHSC qui avait sèchement rappelé à l'ordre les ultras de la Paillade, pour leur expliquer qu'ils étaient en train de faire "le plus beau cadeau possible aux marseillais". Hier, la communication a été à l'image des événements : désastreuse.
Alors comment régler ce problème avec les ultras ? Car s'il ne faut pas forcément généraliser, force est de constater que de tels événements ont eu lieu dans de nombreux clubs de Ligue 1 depuis les cinq dernières années, sans qu'aucune solution ne soit trouvée jusqu'ici. Les sanctions (huis-clos, tribunes fermées) n'ont jamais résolu le problème et ont au contraire aggravé la fracture entre ultras, clubs et instances dirigeantes. Pour nous, la solution passerait par une responsabilisation des ultras. Depuis des années, ceux-ci réclament, à juste titre, d'être écoutés, d'avoir une plus grande part dans les prises de décisions, des clubs ou des instances. Ces demandes doivent être entendues car les ultras sont le cœur de la vie des stades, l'année de huis clos que nous venons de vivre devrait nous permettre de nous en souvenir. En revanche, ces demandes doivent être acceptées avec des contreparties : les leaders des groupes ultras doivent surveiller leurs membres les plus turbulents, et les sanctionner le cas échéant. Comment est-il possible de ne pas réagir lorsque l'on voit son voisin balancer une énième bouteille sur la pelouse ? Comment ceux qui ont voulu frapper les joueurs de l'OM peuvent -ils encore faire partie d'un groupe ultra ? Il est absolument indispensable que les ultras adoptent la même exemplarité qu'ils demandent sans cesse aux joueurs si l'on souhaite que la situation s'améliore durablement. A quand des banderoles "Pas d'bouteilles d'eau !" tenues par les joueurs pour répondre aux fameux "Mouillez le maillot" des supporters ?
Un Xanax pour Sampaoli
Après les supporters, place maintenant aux responsables parmi les acteurs présents sur la pelouse. En premier lieu, il faut évoquer le cas de Dimitri Payet. Si c'est son geste de colère qui a provoqué la fureur des ultras, celui-ci est tout simplement humain. Que tous les grands moralisateurs aillent servir de cible pour le lancer de bouteilles tous les dimanches et ils reviendront après nous dire ce qu'ils en pensent. En revanche, les comportements d'Alvaro et Guendouzi sont nettement moins excusables. Quelle idée d'aller au contact avec des ultras fous furieux afin d'en découdre avec eux ? Concernant les autres joueurs, les images sont tellement floues que ce sera à la Commission de discipline de déterminer qui a fauté. Toutefois, l'image renvoyée est terriblement mauvaise et on aurait aimé que la bêtise de certains supporters ne se propagent pas chez les acteurs de la rencontre.
Puisqu'on évoque ces fameux acteurs de la rencontre, comment ne pas parler du coach olympien Jorge Sampaoli. Oui, l'argentin est un sanguin, oui il fait le spectacle, oui ce genre de personnages font du bien au football français, mais quand même. Totalement hors de contrôle, Sampaoli a voulu lui aussi en découdre avec à peu près tout le monde. Le pire dans tout ça étant son incapacité à faire retomber la pression. Trente minutes après les événements alors que tout le monde était déjà au vestiaire, il voulait encore venir se battre avec on ne sait trop qui, un peu comme un type beaucoup trop alcoolisé en boîte de nuit. Venant de l'entraîneur d'un des plus grands clubs français, l'image renvoyée est une nouvelle fois lamentable.
Et au milieu coule un Rivère
Folie dans les tribunes, sur le terrain, on aurait aimé pouvoir féliciter les dirigeants d'avoir su garder leur calme pour pouvoir apaiser la situation et bien loin de là ! Alors que Pablo Longoria s'est apparemment battu avec l'ancien niçois José Cobos en tribune présidentielle, Jean-Pierre Rivère a quant à lui délivré le discours le plus lunaire de la saison. S'il avait eu dans un premier temps la bonne idée de venir calmer lui même ses supporters, il s'est ensuite totalement égaré au micro d'Amazon Prime. Minimisant les jets de bouteille des supporters niçois, il a accusé Alvaro et Guendouzi d'avoir mis le feu aux poudres et a ensuite évoqué des coups de la part des services de sécurité marseillais envers les joueurs niçois alors que dans le même temps, les photos de Luan Peres et Matteo Guendouzi présentant des traces de strangulation commençaient déjà à circuler. De surcroît, Rivère s'est montré incrédule quant à la décision des joueurs de l'OM de ne pas revenir sur le terrain, assurant que cette fois, "il ne se passerait rien". Renvoyant l'image du maître d'un chien ayant déjà mordu trois fois mais qui assure que celui-ci "n'est pas dangereux", Rivère est apparu totalement à côté de la plaque. En effet, comment imaginer qu'un but marseillais en fin de rencontre n'aurait pas fait dégénérer totalement la rencontre ? En résumé, un discours bien décevant de la part d'un président qui jouissait jusqu'ici d'une image globalement positive..
Bilan d'un désastre
A l'arrivée, on ne sait pas encore quelles seront les conséquences de cette soirée cauchemardesque. Des suspensions sûrement, des interdictions de stade voir des huis-clos très probablement. Coupables selon le règlement de ne pas avoir repris le match, les Marseillais devraient perdre cette rencontre sur tapis vert ce qui serait tout de même assez scandaleux. De toute manière, quelque en soit l'issue, le grand perdant de la soirée d'hier est déjà tout trouvé : il s'agit bel et bien du football français.
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