Alors que l'Olympique Lillois a déjà assuré sa qualification pour la finale du premier championnat de France professionnel de l'histoire, la lutte entre Antibes et Cannes a connu un tournant ce week-end avec la défaite d'Antibes à Montpellier. Récit.
Préambule
La saison 1932-1933 marque le début d'une nouvelle ère pour le football français puisqu'elle coïncide avec l'adoption du professionnalisme et les débuts du championnat de France (pour en savoir plus, notre article sur cette adoption controversée est disponible ici). Pour cette première saison, les vingt clubs de l'élite sont séparés en deux groupes de 10, les vainqueurs de chaque groupe s'affrontant en fin de saison pour se disputer le titre de champion de France.
L’AS Cannes touche au but !
Enfin ! Depuis le début de saison, Antibes et Cannes ne parvenaient pas à se départager dans le groupe B mais, ce week-end, la situation s’est finalement décantée. En déplacement à Montpellier, Antibes s’est incliné dans un match âprement disputé (2-1). Porté par le jeune René Gérard une nouvelle fois étincelant, les montpelliérains ont livré leur plus belle prestation de la saison et se sont offert un succès de prestige qui ravira leurs supporters. Défaits, les antibois voient l’AS Cannes prendre seule la tête du groupe A grâce à sa victoire maîtrisée face à la lanterne rouge Alès (2-0). Toutefois, la situation n’est pas encore définitive puisqu’en plus de leur ultime match, Cannes et Antibes ont tous deux un match en retard à disputer ; à Sochaux pour l’AS Cannes et une réception de Fives pour Antibes.
Dans le groupe A où le suspens n’existe plus puisque l’Olympique Lillois est assuré de finir en tête et donc de disputer la finale du championnat de France, la journée a été marquée par la défaite des « Dogues » sur la pelouse de l’Excelsior (2-1) et la belle victoire de l’OM face au Club Français (5-1). Buteur lors de cette rencontre, Pépito Alcazar ne s’avoue pas vaincu dans la course au titre de meilleur buteur puisqu’il n’est qu’à un petit but du rennais Walter Kaiser, toujours en tête à l’heure actuelle.
Le match de la journée : C.A. Paris – Red Star
Ce dimanche, 5000 spectateurs avaient fait le déplacement jusqu’au Parc des Princes pour assister à un classique du football parisien entre le C.A. Paris et le Red Star. Nés tous deux en 1897, les voisins parisiens ont depuis entretenu une des plus belles rivalités du football français. Ainsi, malgré l’absence d’enjeu sportif – les deux clubs n’ayant plus rien à jouer dans le groupe A- la rencontre promettait un affrontement engagé entre capistes et redstarmen. Si le match ne tint pas toutes ses promesses, les deux équipes eurent suffisamment de fulgurances pour satisfaire le public du Parc. Dès la 3ème minute, le Red Star prenait l’avantage grâce à Pierre Bertrand, auteur de son dixième but de la saison. Piqués au vif, les capistes tentèrent de réagir mais butèrent longtemps sur Alex Thépot, encore excellent. Après la pause, leurs efforts furent finalement récompensés grâce à une belle action de Louis Finot : sur son côté, « p’tit Louis » déborda et élimina successivement Poirier et Diaz avant de délivrer une merveille de centre à ras de terre. A la réception de cette offrande, Cauet n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond du but de Thépot. Dès lors, la partie s’enflamma. En confiance, les capistes accéléraient et prenaient l’avantage grâce à un but de leur avant-centre Guimbard mais, dès l’engagement, Bertrand égalisait suite à un superbe travail du jeune Fred Aston. De nouveau dominateurs, le Red Star s’offrait les meilleures occasions notamment mais manquait de réussite. A la dernière minute, Finamore eut la balle de match mais, comme ce fut souvent le cas ces dernières semaines, manqua le cadre et la partie se termina sur ce score de 2-2.
Le joueur de la journée : Jean Boyer (Olympique de Marseille)
A l’image de l’écossais Billy Aitken (38 ans) il y a quelques semaines, c’est un autre « vétéran » qui a brillé ce week-end en la personne de Jean Boyer. Du haut de ses 32 ans, le buteur de l’OM n’est certes pas aussi âgé que le sympathique attaquant cannois mais ses meilleures années sont bel et bien derrière lui. International français entre 1920 et 1929, Boyer a décliné ses dernières années au point de perdre sa place de titulaire à la pointe de « son » OM. Mais si les capacités physiques diminuent avec l’âge, la classe, elle est éternelle et « Jeannot » en a fait la démonstration ce week-end. Titularisé face au Club Français, celui qui inscrivit 7 buts lors de ses 15 sélections en Bleus fut dans tous les bons coups : virevoltant et faisant preuve d’une belle complicité avec Pépito Alcazar, Boyer donna des maux de tête à la défense parisienne. Ponctuée par un joli doublé, ses premiers buts cette saison, l’attaquant marseillais a rappelé que, malgré son âge, il restait un atout majeur pour le club phocéen.
Résultats et classements :
Classement des buteurs :
1) Walter Kaiser (Stade Rennais) : 15 buts
2) Joseph Alcazar (OM) : 14 buts
3) Horacio Finamore (Red Star), Karl Klima (Antibes), Pierre Fecchino (AS Cannes) : 13 buts
6) Robert Mercier (Club Français) : 12 buts
7) Julien Dominique (Stade Rennais), Istvan Zavadsky (SO Montpellier), Pierre Bertrand (Red Star), André Cheuva (SC Fives), Roger Saint-Pé (SC Fives) : 11 buts
12) Hugh Wallance (Alès) : 10 buts
Comentários