A travers une série de quatre articles, Foot Universal vous propose de revenir sur le parcours hors du commun de Brian Clough, l'homme qui emmena le modeste club de Nottingham Forest sur le toit de l'Europe en 1979 et 1980.
Goodbye England
« On joue la 27ème minute ici au Roker Park de Sunderland et c’est Len Ashurst qui lance Brian Clough, Clough qui va peut-être inscrire son 29ème but cette saison et, oh non, belle sortie du gardien de Bury Chris Harcker qui s’empare du ballon. En revanche, Clough a l’air sonné, ah oui, son visage est en sang et il semble se plaindre du genou... Sans doute la fin du match pour le meilleur buteur de l’histoire de la deuxième division anglaise, un véritable coup dur pour Sunderland mais le jeu continue et le ballon est dans les pieds des BlackCats… ».
Le jeu continue mais pas pour Brian Howard Clough. En ce 26 décembre 1962, l’attaquant de Sunderland passé par Middlesbrough vient de se faire une rupture des ligaments croisés. Trois ans après ses deux premières sélections avec l’équipe d’Angleterre, Clough est à terre et ne se relèvera pas : à seulement 27 ans, il est fini pour le football. Deux ans de travail acharné pour revenir n’y feront rien. En 1964, après seulement trois petits matchs, l’attaquant vedette des BlackCats met un terme à sa carrière professionnel, la mort dans l’âme et l’alcool dans le sang. Il se rêvait buteur de l’équipe d’Angleterre, le voilà infirme et de plus en plus accroc à la boisson, le tout à même pas 30 ans.
Un nouveau départ
Ses rêves envolés, il doit trouver un moyen de gagner sa vie, une vie où seule le football compte réellement. Bien que marié et père de trois enfants, Clough n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il est proche du rectangle vert. Alors, durant sa convalescence, il commence à entraîner les jeunes de Sunderland et y prend goût. S’il ne peut plus jouer au haut niveau, il peut tout de même prendre part aux oppositions lors de ses entraînements et, durant ces séances, il retrouve un peu de ce qu’on lui a enlevé en décembre 1962 : l’odeur de la pelouse, la joie des victoires, l’amertume des défaites… C’est décidé, il sera entraîneur. Dès 1965, il est approché par Hartlepool United en 4ème division. Pour l’épauler, il fait appel à Peter Taylor, son ancien coéquipier à Middlesbrough et le seul véritable ami qu’il n’ait jamais eu. Il faut dire que Clough n’a pas un tempérament facile. Grande gueule, colérique, voulant tout diriger, il pousse le président d’Hartlepool à la démission dès sa deuxième saison au club. De toute façon, à quoi peut bien servir un président puisque tout le monde sait que le véritable patron se nomme Brian Howard Clough.
"Si Dieu avait voulu qu'on joue dans les nuages..."
Adulé par les fans et par ses joueurs, l’ancien international est devenu l’homme à tout faire du club. Avec Taylor, ils lavent les maillots, tracent les lignes du terrain, participent à la rénovation du stade, décrochent des contrats de sponsoring… Et sur le plan footballistique, les deux hommes se complètent à merveille ! Clough est le leader charismatique, formidable meneur d’hommes doté d’une conception du football bien particulière. Sous ses ordres, le ballon doit rester au sol, hors de question de pratiquer le fameux kick and rush anglais ! Il déclarera d’ailleurs un jour : « si Dieu avait voulu qu’on joue dans les nuages, il aurait mis de la pelouse là-haut ! ». Parfois dur avec ses hommes, Clough peut compter sur le calme Peter Taylor pour rassurer les joueurs après ses coups de gueule. Taylor est également primordial pour les transferts, n’ayant pas son pareil pour dénicher des talents. En revanche, pour ce qui est de les convaincre de rejoindre le club, il laisse le charisme du boss opérer.
Emmené par ce formidable duo, Hartlepool progresse constamment. Candidat à la relégation avant l’arrivée de Clough et Taylor, le club se maintient lors de la première saison du binôme et se hisse en 8ème position à l’issue de leur deuxième exercice. Ces performances ne passent pas inaperçues. A l’aube de la saison 1967-1968, Clough et Taylor sont contactés par Derby County qui végète en deuxième division. C’est l’heure pour eux d’entrer dans l’histoire.
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