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Les 50 qui ont marqué la Coupe du Monde : Pelé

Dernière mise à jour : 18 oct. 2022

Souvent considéré comme le plus grand joueur de l'histoire, le roi Pelé doit essentiellement ce titre honorifique à ses exploits en Coupe du Monde : plus de cinquante ans après sa dernière participation, il demeure le seul joueur de l'histoire à avoir remporté la compétition à trois reprises.


Pelé en 1970 dans les bras de Jairzinho. The Football Market.


Les larmes de Goteborg


On joue la 90ème minute de cette finale de Coupe du monde 1958 et le Brésil, qui mène 4-2 à la marque face à la Suède, s’apprête à remporter le titre mondial. Sur un long ballon venu de la défense, le numéro 10 brésilien en prend possession et écarte sur son ailier gauche Mario Zagallo d’une subtile talonnade puis fonce vers le but. En deux touches de balle, Zagallo contrôle et envoie un centre parfait au point de pénalty. A la réception, le gamin qui venait de donner le ballon à Zagallo s’élève dans les cieux de Goteborg et prend le meilleur sur deux géants suédois pour inscrire le cinquième but du match et ainsi offrir à son pays le premier titre mondial de son histoire. Lorsqu’il retombe au sol, il entend au loin les trois coups de sifflets de l’arbitre dont le son est étouffé par les cris de joie de ses coéquipiers qui accourent vers lui. En larmes, le môme de dix-sept ans et demi est porté en triomphe par des camarades ayant parfois presque le double de son âge. En ce 29 juin 1958, le football vient de trouver son nouveau roi. Il se nomme Edson Arantes do Nascimento et est plus connu sous le nom de… Pelé.


La malédiction brisée


Le triomphe du Brésil de Pelé en 1958 est une victoire sur le plan sportif mais surtout sur le plan moral, tant le pays était resté traumatisé par le « Maracanazo » du Mondial 1950. Avant le départ pour la Suède, la sélection de Pelé est même dénoncée par plusieurs observateurs qui estiment qu’un si jeune joueur pourrait ne pas supporter psychologiquement un nouveau désastre d’une telle ampleur. Pourtant, là où la Coupe du Monde 1950 demeure un traumatisme pour des millions de brésiliens, pour le jeune Pelé elle est une source de motivation incomparable : « J’avais neuf ans en 1950 et à la fin du match j’ai vu mon père pleurer. (…) Imaginez donc comment avant la finale de 1958. Je me disais que je ne pouvais pas le laisser encore tomber, qu’il ne pouvait pas encore pleurer ». Transcendé mais sans aucune pression sur ses épaules, puisqu’il est encore un parfait inconnu, Pelé doit dans un premier temps ronger son frein puisque le sélectionneur Vicente Feola le laisse sur le banc les deux premiers matchs. Titulaire pour la troisième rencontre face à l’URSS (victoire 2-0 grâce à un doublé de Vava), le jeune avant-centre de la Seleçao offre la victoire aux siens face au Pays de Galles en 1/4 de finale (1-0) avant de conclure son tournoi sur deux chefs d’œuvre. En demi-finale face à la France d’un Just Fontaine en fusion, il s’offre un formidable triplé qui le révèle aux yeux du monde avant de récidiver en finale en inscrivant, en plus de sa tête à la dernière minute, l’un des plus beaux buts de l’histoire du tournoi : recevant le ballon dans la surface suédoise, il enchaîne sur un mètre contrôle poitrine, sombrero sur un défenseur suédois reprise de volée à ras de terre. Ce Brésil là porté par ce Pelé là et une constellation d’étoiles (Zagallo, Didi, Vava, Garrincha) est intouchable. Le gamin de Santos a transformé les larmes de tristesse de 1950 en larmes de joie. La malédiction brésilienne est brisée.


De Santiago à Londres


Sur le toit du monde à 17 ans, Pelé doit désormais confirmer qu’il est bien le nouveau roi de la planète football. Quatre ans après le premier sacre, le Brésil est plus que jamais favori à sa succession pour la Coupe du Monde au Chili. Alors « au sommet de son art » de son propre aveu, Pelé va connaître le premier coup dur de sa carrière. Après avoir inscrit le deuxième but de la rencontre inaugurale face au Mexique, le numéro 10 brésilien se claque lors du second match face à la Tchécoslovaquie. Son Mondial est terminé et, c’est du banc de touche qu’il assistera au deuxième triomphe d’un Brésil porté par un Garrincha en état de grâce. S’il n’est donc pas un acteur majeur de ce second titre, il remporte tout de même sa seconde Coupe du Monde à seulement 21 ans ! Et quatre ans plus tard, rien ne laisse augurer que l’hégémonie brésilienne puisse se briser lors du Mondial anglais. De nouveau associés, Pelé et Garrincha lancent d’ailleurs parfaitement la Seleçao en inscrivant les deux buts de la victoire face à la Bulgarie lors du premier match de poules (2-0). Toutefois, la victoire a un goût amer puisque Pelé s’est blessé à la suite de mauvais coups de la défense bulgare. Si la blessure n’est pas bien grave, elle oblige le sélectionneur brésilien à laisser la star sur le flanc lors du second match. Sans leur meilleur joueur, les hommes de Feola butent sur une très belle équipe de Hongrie (3-1) et se voient dans l’obligation de gagner leur dernier match face au Portugal pour assurer la qualification. Cette fois, aucune crainte Pelé sera de retour. Et pourtant…

Dans une rencontre âprement disputée où les coups pleuvent des deux côtés, les brésiliens peinent à développer leur jeu habituel et se font surprendre à la 15ème et à la 27ème minute du match. Bien qu’au pied du mur, la Seleçao peut encore espérer revenir grâce au talent de Pelé mais, peu avant la mi-temps, celui-ci est fauché à deux reprises en 10 secondes par Joao Morais. La blessure contractée contre la Bulgarie se réveille et, cette fois, ç’en est fini du Brésil qui quitte la compétition dès le premier tour. Pour Pelé, cette nouvelle agression dont il est victime est celle de trop. A 26 ans seulement, il décide de mettre un terme à sa carrière internationale, dégoûté par l’indulgence du corps arbitral à l’encontre de ses agresseurs.


Le retour du roi


Au Brésil, la retraite internationale du roi fait l’effet d’une bombe et, jour après jour, les supporters de la Seleçao espèrent que le numéro 10 de Santos va revenir sur sa décision. Ce n’est finalement qu’en 1968 que Pelé fait son retour en sélection pour porter les espoirs de tout un peuple lors de la Coupe du Monde au Mexique qui se profile. Largement décriée par la presse du pays même avec le retour de son joueur vedette, la Seleçao change de sélectionneur à trois mois de la compétition. En conflit avec le pouvoir militaire en place sur le plan idéologique et sportif, le sélectionneur communiste João Saldhana est évincé au profit de Mario Zagallo en mars 1970. Ancien journaliste, Saldhana avait pourtant réussi à relever la Seleçao de l’échec de 1966 mais ses décisions étaient constamment contestées, d’autant plus qu’il avait publiquement laissé entendre qu’il pourrait se passer de Pelé, alors en méforme, pour la Coupe du Monde. Ancien partenaire du Roi, Zagallo va au contraire en faire l’homme fort de son équipe. Aligné aux côtés de quatre autres numéros 10 (Gerson, Rivelino, Tostao, Jairzinho), Pelé va réaliser un Mondial de rêve, à l’image de l’équipe toute entière. Auteur de trois buts en poules face à la Tchécoslovaquie et la Roumanie (doublé), il réalise au cours de la compétition plusieurs actions restées dans la légende. En phase de groupes, il « marque un but que le gardien anglais Gordon Banks lui arrête » pour reprendre son expression, en demi-finales, il mystifie le gardien uruguayen d’un grand pont sans toucher le ballon et, en finale, en plus de délivrer deux passes décisives pour Jairzinho et Carlos Alberto, il ouvre le score d’une tête exceptionnelle gravée à jamais dans l’histoire du Mondial. Parfois considéré comme la plus belle équipe de l’histoire, ce Brésil de Pelé marque les esprits à travers le monde. Pour Foot Universal, le chef de projet du Musée du FC Nantes Philippe Laurent se souvient.


Le demi-dieu


Pour un homme de ma génération, des années 60, né à Nantes, fan du football en mouvement joué par des sportifs de haut niveau avec les couleurs « jaune et vert », j’ai en tête un homme et un match qui m’ont émerveillé du haut de mes 13 ans, et qui ont fait la Coupe du Monde.

Nous sommes au début de l’été 1970. Le poste de télévision dans les foyers français, et à fortiori les retransmissions en « Mondiovisions », ne sont pas légion à cette époque. Les joueurs qui apparaissent sur le petit écran, pas toujours en couleurs, sont de véritables stars, voir des mythes que l’on n’approche pas, sinon par écran interposé. Ils sont réels, mais inatteignables, car loin de chez nous : la TV rend magiques leurs apparitions.

Cette magie, elle se prépare devant mes yeux ébahis, lors de la grande finale de la Coupe du Monde au Mexique, opposant le Brésil à l’Italie.

Les « jaune et vert » sont brésiliens. A leur tête, un demi-dieu appelé Pelé. Avec lui, je découvre des joueurs de football qu’on ne voit jamais sinon lors de cette compétition planétaire ; soit tous les 4 ans.

Cette équipe de maestros du foot n’est composée que de disciples du demi-dieu, qui manient le ballon comme des danseurs de samba. Leur jeu est tout en mouvement, très technique, et déjà super-tonique.

En face, même si nous ne les voyons pas plus souvent, ce sont nos voisins européens. Ils sont à portée de mains et de nos yeux, si nous voulons aller les voir dans leurs grands stades du Calcio. Mais leur jeu est plus défensif que créatif. Leurs mouvements sont plus destructeurs que créateurs. Et même s’ils jouent en bleu, mes couleurs sont définitivement jaune et verte…

Ce jour-là, Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, entraîne ses coéquipiers vers l’excellence du football. Les Carlos Alberto, Gerson, Jaïrzinho, Rivelino et Tostao sont de véritables artistes du ballon, liant l’efficacité à l’élégance.

En ce 21 juin 1970, le Brésil atomise l’Italie (4-1). Avec cette 3ème victoire en Coupe du Monde, le Brésil obtient le droit de conserver définitivement le trophée du créateur « Jules Rimet ».

Et le roi Pelé est toujours le seul joueur de la planète-football à avoir emporté 3 « Mundials » (1958 – 1962 – 1970).


Philippe Laurent et Foot Universal


L'auteur : Véritable "Monsieur Histoire" du FC Nantes, Philippe Laurent est le chef d'un projet ambitieux visant à créer un musée du club dans les prochaines années. Intitulé "Musée des Canaris", celui-ci se promet d'être "le temple de tous les fidèles teintés de jaune et de vert, mais également de tous les amoureux du beau football."

En attendant son inauguration, il est possible de retrouver les actualités de ce projet sur le site internet disponible ici : Musée FC Nantes.

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