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Guillermo Ochoa, classe mondiale !

En arrêtant le pénalty de Robert Lewandowski hier lors de l'entrée en lice du Mexique face à la Pologne (0-0), Guillermo Ochoa a renforcé sa réputation de spécialiste de la Coupe du Monde. Portrait d'un gardien à la carrière étonnante.


Il a remis ça


On disait qu'une Coupe du Monde en hiver ne serait pas vraiment une Coupe du Monde. Que le Mondial devait rimer avec l'été, la chaleur, les grillades. Qu'en plus, sans Sadio Mané, sans Karim Benzema, respectivement 1er et 2ème au dernier Ballon d'Or, cette édition 2022 avait perdu ses dernières onces d'intérêt. Et puis il est arrivé. Les cheveux, toujours frisés, retenus par un bandeau noir, le visage jovial sur lequel le temps ne semble avoir d'emprise et, seule nouveauté, le brassard de capitaine autour du bras gauche. Plus de quatre ans après la Russie, Memo Ochoa n'a pas changé. Il paraît qu'il a désormais 37 ans, qu'il dispute peut-être la dernière Coupe du Monde de sa carrière. Une idée qui semble incongrue, absurde même. Car depuis plus de quinze ans, le Mondial ne peut s'imaginer sans la tignasse et les exploits du gardien mexicain. Hier, face à la Pologne, l'ancien portier d'Ajaccio a montré que le poids des années ne semblait pas peser sur ses épaules. Peu avant l'heure de jeu, "Memo" a, comme à son habitude, enfilé sa cape de super-héros pour sauver à nouveau son Mexique. Sa nouvelle victime ? Robert Lewandowski, toujours muet en Coupe du Monde. Grâce à cet arrêt décisif, les coéquipiers d'Hirving Lozano ont pu décrocher un match nul (0-0) précieux pour la suite de la compétition. Un nouvel exploit qui vient entretenir le mystère d'un gardien hors-pair qui semble se réveiller tous les quatre ans...


Désillusions pour un grand espoir


En pénétrant sur la pelouse du stade 974 de Doha hier, Guillermo Ochoa a débuté la cinquième Coupe du Monde de sa carrière. Une belle performance qui pourrait faire oublier que celui qui est une véritable icone au Mexique a dû ronger son frein avant d'enfin connaître la joie d'une titularisation lors d'un Mondial. En 2005, alors qu'il est un jeune espoir mondialement reconnu (les plus anciens se souviendront peut-être qu'il fut une véritable pépite sur Football Manager 2006 !), Ochoa connaît sa première sélection lors d'un match contre la Hongrie. A 20 ans, il est considéré comme le futur de la sélection mais n'est pas encore prêt à déloger Oswaldo Sanchez, gardien titulaire d'El Tri pour le Mondial 2006. Prenant son mal en patience, celui qui grandit du côté du Club America, grand club mexicain, pense tenir la corde pour 2010... mais il est finalement relégué sur le banc au profit de l'expérimenté Oscar Pérez, 37 ans. A 25 ans, Memo, que l'on imaginait déjà dans les plus grands clubs européens, est en retard sur ses temps de passage. Numéro 2 en sélection, il s'éternise au Mexique, un pays qu'il est difficile de quitter en raison de règles de transfert difficiles. Pour un Mexicain, la seule solution pour tenter sa chance à l'étranger est pratiquement de quitter son club à l'issue de son contrat. C'est donc ce que va faire Ochoa en 2011, date où il s'envole enfin en Europe ! Courtisé par le PSG, le portier aux fabuleux réflexes voit sa carrière basculer à cause d'un contrôle positif au clenbutérol, une substance interdite qu'il aurait ingurgité en mangeant de la viande. Effrayé par cette affaire, le club de la capitale laisse tomber l'affaire comme tous les autres candidats prestigieux. Finalement, si Memo traverse bel et bien l'Atlantique, il ne signe pas dans un grand club européen mais à Ajaccio, tout juste promu en Ligue 1...


L'homme de la Coupe du Monde


Onze années après ce transfert, la carrière de Guillermo Ochoa paraît toujours aussi incompréhensible. Lors de la Coupe du Monde 2014, il se hisse au niveau des meilleurs gardiens du monde en éblouissant tout son monde lors de la deuxième rencontre de poules face au Brésil - le "match de sa vie" de son propre aveu - avant d'être de nouveau héroïque lors de la cruelle défaite face aux Pays-Bas en 1/8ème de finale (2-1 alors que le Mexique menait 1-0 jusqu'à la 88ème minute). Vedette du tournoi, on imagine sa carrière européenne enfin lancée mais, en août, il signe à Malaga où il ne parvient pas à déloger le camerounais Carlos Kameni. Pendant quatre ans, l'icone de tout un pays enchaîne les clubs moyens; Malaga, Grenade, le Standard de Liège puis, quand vient la Coupe du Monde en Russie, il s'affirme de nouveau comme un gardien d'exception en écoeurant les champions du monde en titre allemands lors du premier match de poule (1-0 pour le Mexique). Un nouveau coup d'épée dans l'eau : après le Mondial, aucun club d'envergure ne vient frapper à sa porte et Ochoa dispute une dernière saison à Liège avant de rentrer au Club America.

A l'arrivée, difficile de déterminer où se situe le véritable niveau de l'homme aux 133 sélections; A-t-il été sous-côté durant toute sa carrière en club ou est-il un gardien irrégulier, capable du meilleur comme du pire ? On serait tenter de choisir la première réponse tant son passage en France du côté d'Ajaccio a laissé de bons souvenirs, en Corse et en Ligue 1 de manière générale. Alors, puisque le football européen n'a pas voulu de lui, Memo Ochoa a décidé de rappeler au monde cette anomalie tous les quatre ans. Si ses rêves de grands clubs sont aujourd'hui de l'histoire ancienne, le spectaculaire portier du Mexique s'est fixé un dernier objectif : devenir le premier joueur à disputer six Coupe du Monde en prenant part à la prochaine Coupe du Monde qui se disputera en partie dans son Mexique natal, le seul pays qui a finalement reconnu son talent à sa juste valeur.

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