Aujourd'hui, Foot Universal vous présente l'un des plus grands buteurs français de tous les temps. Assez méconnu par les plus jeunes, nous revenons sur son incroyable histoire et carrière.
Un joueur injustement oublié
Le 20 Mars 2021, en inscrivant son 365ème but en carrière, Karim Benzema est devenu le deuxième meilleur buteur français de l’histoire. Si Thierry Henry est encore largement en tête avec 411 réalisations, « KB9 » a relégué sur la troisième marche du podium un grand nom du football d’avant-guerre : la légende sochalienne Roger Courtois. A l’instar de Josef Bican sur lequel nous sommes revenus la semaine dernière, Courtois est devenu un « homme-chiffres », un joueur dont le nom revient dans l’actualité à la faveur d’un vieux record battu par un joueur de la nouvelle génération. Et comme nous l’avons fait pour Josef Bican, nous vous proposons de revenir sur la carrière de ce grand joueur injustement oublié.
"Le jour où tout a basculé"
1932. Après des années de débats houleux, le football français adopte le professionnalisme. Véritable pionnier en la matière, le président du FC Sochaux Jean-Pierre Peugeot s’agite tous azimuts pour monter une équipe de vedettes, dans l’espoir de dominer le premier championnat de France sur le point de débuter. Pourtant, malgré un effectif pléthorique, les Lionceaux échouent dans la conquête du trophée, souffrant notamment de l’absence d’un véritable buteur vedette. Recherchant la perle rare, les dirigeants sochaliens se rendent à Paris en mai 1932 pour l’événement sportif de cette fin de saison : la rencontre entre le Racing Club de Paris et l’Urania Sport de Genève, club majeur de l’époque. Si les suisses sont battus 5-3 ce jour-là, un jeune attaquant de 20 ans auteur d’une passe décisive tape dans l’œil des dirigeants sochaliens qui lui proposent de rejoindre le Doubs pour la saison 1933-1934. La carrière de Roger Courtois est lancée.
Doté d’une bonne pointe de vitesse malgré un physique un peu « rondouillard », le nouvel attaquant de poche de Sochaux va rapidement mettre tout le monde d’accord. Pouvant tout aussi bien évoluer sur l’aile ou en pointe de l’attaque, sa capacité à éliminer son vis-à-vis et son sens du but hors du commun lui ouvrent les portes de l’équipe de France dès le mois de décembre 1933. Toutefois, si Courtois brille individuellement, Sochaux vit une saison cauchemardesque. Terminant 17ème avec seulement cinq points d’avance sur le premier relégable, les Lionceaux doivent essentiellement leur maintien aux 23 réalisations de leur jeune buteur.
Le temps des succès
La saison suivante sera celle de la consécration pour Courtois et Sochaux. Toujours aussi prolifique puisqu’il inscrit 29 buts en 30 journées de championnat, le natif de Genève est un des grands artisans du triomphe sochalien. Chez les Bleus, il s’impose également après avoir dû digérer son absence de temps de jeu (malgré sa sélection) durant la Coupe du Monde 1934. Au cours de la saison 1934-1935, le nouveau buteur vedette des tricolores inscrit 4 buts en 5 sélections. Avec 39 buts en 36 matchs toutes compétitions confondues, Courtois vient de trouver son rythme de croisière.
Les années qui vont suivre vont être du même acabit pour l’ancien de l’Urania. Meilleur buteur du championnat en 1935-1936, il inscrit cette saison-là 49 buts toutes compétitions confondues, un record qui tient toujours pour un joueur français. Sur le plan collectif, il remporte la Coupe de France avec Sochaux en 1937 et à nouveau le championnat de France en 1938. Toutefois, Courtois est handicapé par une santé fragile. Atteint d’une pleurésie durant son adolescence, il est régulièrement handicapé par des problèmes aux reins au cours de sa carrière. A l’été 1938, alors qu’il devait être l’arme offensive numéro 1 des Bleus pour le Mondial organisé en France, ces problèmes l’obligent à déclarer forfait. L’annulation des éditions 1942 et 1946 de la Coupe du Monde entérineront le triste constat suivant : le meilleur attaquant français de l’époque ne disputera jamais la moindre minute du tournoi le plus prestigieux de la planète.
Courtois prisonnier
A l’été 1939, malgré une approche du Club Atlético Peñarol, mastodonte du football uruguayen, Courtois reste fidèle au FC Sochaux. Deux mois après ce refus, la guerre éclate et le buteur français est mobilisé. Comme tant d’autres, il est fait prisonnier lors de la débâcle française qui conduira à l’armistice de juin 1940. Direction la région de Dresde en Allemagne et le Stalag IV-B. Là-bas, les conditions de détention sont difficiles mais elles ne sont toutefois pas aussi horribles que ce que l’on aurait pu imaginer. Les détenus ayant reçu l’autorisation de construire des installations sportives, Courtois se retrouve à disputer des matchs de football devant 15 000 personnes. De plus, il retrouve de vieilles connaissances tel que Lucien Gamblin, ancien international français devenu journaliste à L’Auto.
Une longévité exceptionnelle
Après plus d’un an de détention, Courtois retourne dans sa Suisse natale. Entre 1941 et 1945, il évolue du côté du Lausanne Sports, avant de retrouver son FC Sochaux de toujours dès la fin de la guerre. A 33 ans, on pourrait croire que sa carrière est derrière lui mais ce serait mal connaître le bonhomme ! N’ayant rien perdu de son sens du but, il reprend sa place à Sochaux et en Bleus. Connaissant une dernière cape en Bleus en 1947 (si l’on excepte une convocation avec l’équipe de France B en 1950 !), Courtois restera au FC Sochaux jusqu’en 1953 avant de filer à l’AS Troyes, où il terminera sa carrière professionnelle en 1957-1958 à l’âge de … 46 ans !
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