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Josef Bican, l’homme qui aurait dû être une légende.

Dernière mise à jour : 13 mars 2022

Aujourd'hui, Foot Universal revient sur la carrière d'un des plus grands buteurs de l'histoire du football : l'autrichien Josef Bican.



Avec le temps


La saison passée, pour la première fois depuis 2005, ni Cristiano Ronaldo ni Lionel Messi n'ont participé aux ¼ de finale de la Ligue des Champions. Pour beaucoup, cette non-qualification a symbolisé la fin prochaine du règne des deux monstres sacrés qui dominent la planète football depuis plus de dix ans. Bientôt, ils laisseront leur place à Haaland et Mbappé, tous deux désignés comme leurs successeurs attitrés. Puis, le temps fera son œuvre et Messi et Ronaldo deviendront des souvenirs de moins en moins vivaces au fur et à mesure que les années s’égraineront. Fatalement, d’autres prendront leur place et l’on minimisera parfois leurs exploits par rapport aux joueurs des nouvelles générations. Dans 50, 60, 100 ans, que restera-t-il d’eux lorsque leurs contemporains auront disparu ? Probablement plusieurs records, tant les deux les ont collectionné ces dernières années. Alors, ils ressurgiront parfois des livres d’histoire dans lesquels on les aura enfermé, dès lors qu’un nouveau joueur s’approchera d’une de leurs performances. Ils seront devenus ce qu’on pourrait appeler des « hommes-chiffres », soit des joueurs dont le souvenir subsiste encore grâce à un record inégalé.


Les "hommes-chiffres"


Pour les nouvelles générations, les « hommes-chiffres » d’aujourd’hui se nomment Josip Skoblar, Just Fontaine, Delio Onnis ou encore Gerd Müller. Tous ces joueurs sont associés à des records inatteignables jusqu’alors et leurs noms ressurgissent à chaque fois qu’un joueur s’approche de près ou de loin de leurs performances mythiques. Lorsque ceux-ci seront battus et que le temps aura fait son œuvre, il y a fort à parier que leurs noms ne deviennent connus que par de rares spécialistes, à l’image de Guillermo Stabile, premier détenteur du record de buts en Coupe du Monde (8 réalisations en 4 matchs en 1930).

Partant de ce triste constat, nous avons décidé de revenir sur la carrière de certains de ces « hommes-chiffres », afin de raviver le souvenir de joueurs dont l'héritage ne devrait pas se limiter à un simple nombre. Et qui de mieux pour commencer cette série d’articles que le cas de Josef Bican, « homme-chiffre » du moment dont le record de 821 buts est dans ligne de mire de Cristiano Ronaldo (et aurait même déjà été dépassé si l’on en croit certaines sources qui n’attribuent « que » 759 buts à Bican).


Des débuts en fanfare


La carrière de Bican débute en 1931 lorsque le jeune Josef, tout juste 18 ans, rejoint le Rapid de Vienne, plus grand club de sa ville natale. Doté d’une pointe de vitesse exceptionnelle (moins de 11 secondes au 100 mètres !) et d’un sens du but hors du commun, Bican s’ouvre rapidement les portes du Wunderteam, surnom donné à la grande sélection autrichienne. Couvé par le sélectionneur Hugo Meisl qui voit en lui le futur grand avant-centre du Wunderteam, il est appelé à prendre la succession de l’immense Matthias Sindelar, de dix ans son aîné. Alors, même si son Mondial 1934 est quelque peu décevant puisqu’il n’inscrit qu’un seul but (le but décisif contre la France au premier tour), Bican continue d’être appelé par Meisl qui prend soin de lui à l’image d’un diamant à polir. Bien lui en prend puisqu’entre 1933 et 1936, celui que tout le monde surnomme « Pepi » inscrit 14 buts en 19 sélections.


Dans l'ombre de la guerre


Toutefois, malgré un début de carrière idyllique, les spectres du nazisme vont vite venir assombrir le destin du diamant brut. Ainsi, effrayé par l’Anschluss qui s’annonce, Bican quitte Vienne dès 1937 pour le Slavia Prague en Tchécoslovaquie. C’est là-bas qu’il deviendra le meilleur joueur de son temps. En onze saisons, il inscrit 600 buts en 304 matchs pour le Slavia, et, dès 1938, il remporte la Mitropa Cup, Coupe d’Europe de l’Europe de l’Est.

Ayant refusé de rejoindre la sélection allemande après l’Anschluss (nom donné à l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne Nazie), il brille désormais sous les couleurs de la sélection tchécoslovaque avec qui il inscrit 12 buts en 14 sélections. Mais les nazis sont rancuniers. Irrités par le refus de Bican de représenter le Reich, ils s’arrangent pour l’empêcher de participer à la Coupe du Monde 1938 sous le maillot tchécoslovaque. Voilà une première occasion de briller aux yeux du monde qui s’envole… Ce que Pepi ne sait pas en 1938, c’est que cette Coupe du Monde qui vient de lui filer sous le nez était la dernière qu’il aurait pu disputer dans sa carrière. En effet, à cause de la guerre, les éditions 1942 et 1946 du Mondial seront annulées, laissant ainsi Bican aux portes d’une gloire certaine. Au pic de sa forme pendant les années de guerre, il est en effet difficile de s’imaginer que le successeur de Sindelar n’aurait pas marqué ces compétitions de son empreinte.


L'autoroute de l'oubli


En 1947, l’ancienne pépite du Wunderteam aura une dernière chance d’obtenir la renommée mondiale que son talent méritait. Approché par la Juventus Turin, il part pour l’Italie et se ravise à mi-chemin, effrayé par la situation politique instable de la Grande Botte. Il repart donc pour Prague où il s’imagine en sécurité. Grossière erreur. Refusant d’adhérer au parti communiste qui vient de prendre le pouvoir, Bican se voit ostraciser dans son pays d’adoption, les journaux n’osant presque plus mentionner son nom. Contraint de déménager et de retourner travailler à l’usine, il dit définitivement adieu à la postérité footballistique, ne gardant pour lui que l’attachement incommensurable du peuple tchécoslovaque à son égard. Ainsi, un jour de 1953 où il est demandé à la foule de saluer le président Zapotocky, celle-ci répond en chœur « longue vie à Josef Bican ! »

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